L’alimentation, deuxième principe de base pour un postpartum « au top »


Dans notre société, une des préoccupations de la nouvelle maman est souvent de retrouver son corps d’avant, de perdre les kilos « en trop » qui restent après la naissance et de retrouver ses formes de jeune fille. Une aberration de notre civilisation du paraître, où l’on ne prend plus le temps d’être ! Ne t’en veux pas si tu as eu ces préoccupations, je les ai eues aussi, et je n’ai compris que trop tard que c’était une erreur de vouloir faire vite. Il a fallu des mois pour créer ce bébé, pourquoi ne pas laisser quelques mois de temps au corps de perdre les kilos, sachant que bien souvent on ne retrouve pas son corps d’avant, mais on peut apprendre à aimer son corps de femme-mère, qui peut mettre plusieurs mois avant de se stabiliser. Faire un régime ou restreindre ses apports nutritionnels les premières semaines après la naissance d’un bébé est la pire des choses à faire.
Difficile d’expliquer rapidement pourquoi, car les raisons sont multiples et complexes ; mais au-delà de vouloir perdre du poids, la société moderne a complètement occulté et oublié la spécificité de cette période et l’importance d’une alimentation spécifique. Les recherches depuis quelques années montrent clairement que les sociétés traditionnelles avaient/ont un savoir intuitif et confirment les raisons physiologiques pour lesquelles cette attention sur l’alimentation en postpartum a du sens, et est vraiment importante. Hélas, il faudra sans doute encore 2 ou 3 décennies avant que ceci soit enseigné et admis dans les universités, les écoles etc, car la transmission d’une génération de femmes à la suivante est rare de nos jours, n’est pris en compte que ce que dit le médecin ou la sage-femme, qui n’a pas appris cela pendant ses études.
Pour faire simple, pensons à ce que vient d’accomplir une jeune maman, son corps a crée et porté un petit humain (il a fabriqué un organe tout spécialement pour ça, le placenta) et l’a mis au monde, un processus qui demande une grande énergie et bouleverse tous les processus et l’équilibre habituel. Le corps a besoin de temps pour se remettre, et se remettra bien si les principes de base du postpartum sont respectés. L’utérus doit retrouver sa taille, les tissus se régénérer, les organes internes retrouver leur place, des hormones ont besoin d’être secrétés et équilibrés pour cela et pour faciliter l’allaitement, le lien maman-bébé ; et s’occuper d’un nouveau-né demande beaucoup d’énergie alors que le manque de sommeil ne favorise pas l’économie d’énergie. Inutile de rentrer dans les détails de ce qui se passe dans le corps en « dégestation » selon la formule d’Ingrid Bayot durant ce « 4e trimestre » pour comprendre que tout n’est pas « comme avant » et qu’il faut du temps et une attention particulière pour que tout puisse se faire de manière optimale, et que c’est déterminent pour la vie future de la femme, jusqu’après la ménopause ! Le médecin australien Dr Oscar Serrallach a passé des années à étudier le lien entre l’alimentation dans la période postnatale et l’état de santé physique et mentale de la femme dans les mois et années suivant la naissance du bébé, et cela la amené à se spécialiser dans le suivi des femmes en postpartum ; et également après, lorsque les troubles sont installés, pour essayer de rétablir et de combler ce qu’une alimentation inappropriée dans les trois mois suivant la naissance d’un bébé a engendré comme dérèglement. Son livre « The Postatal Depletion Cure » est édifiant. C’est lorsqu’il a essayé de comprendre ce qui se passait avec sa femme, quelques mois après la naissance de leur enfant, qu’il a commencé à plonger dans le sujet.
Il faut savoir aussi que les premières semaines après la naissance, la digestion est vraiment ralentie pour une raison d’enzymes et d’hormones, elle est donc plus difficile et peut engendrer beaucoup d’inconfort digestif, allant de simples ballonnements aux douleurs importantes jusqu’aux graves dérèglements intestinaux, voire des maladies. On parle très peu du fait que durant les premiers mois postpartum, l’apparition de maladies auto-immunes est fortement augmentée, une conséquence évitable la plupart du temps avec le respect des besoins postpartum, et il en va de même pour l’apparition soudaine de fortes allergies ! Sans parler des carences qui s’installent insidieusement parce que la médecine moderne n’a pas encore intégré que les besoins en micronutriments sont différentes et spécifiques durant les premiers mois postpartum, et contribuent aux dérèglements physiologiques mais aussi émotionnels tels l’anxiété et les dépressions postnatales et toute la palette des troubles. Attention, il ne s’agit pas de blâmer la médecine ou les médecins, ils font de leur mieux avec ce qu’on leur enseigne, et la spécificité de la période postnatale est encore quasi absente des programmes. Cela ne fait pas très longtemps que la science s’intéresse à ces sujets, il faut espérer que cela changera durant les prochaines années, mais il faut parfois longtemps avant que cela fasse son chemin.
Les statistiques sont là pour montrer tout ce que peut engendrer la période postnatale en troubles de santé physiques et mentaux, mais trop souvent lorsqu’une femme s’étonne d’être si épuisée un an après la naissance, a des douleurs diverses ou de l’incontinence, perde ses cheveux par poignées ou se sent vidée, irritable voire triste ou pleine de colère, elle s’entend répondre « c’est normal, ce sont les hormones ». Si les hormones jouent bien leur part dans tout ça, cela ne veut pas dire que c’est normal. Oui c’est très fréquent de nos jours, mais fréquent ne veut pas dire normal. Il est normal de perdre un peu ses cheveux en postpartum, mais ce n’est pas normal d’en perdre en grande quantité sur des mois. C’est devenu commun, mais ce n’est pas normal, c’est souvent un des signes que quelque chose ne va pas ; il en va de même pour la fatigue, un peu de fatigue est normale après la naissance d’un bébé et peut durer si l’enfant dort peu, mais un épuisement pendant des mois n’est pas normal, même s’il est commun actuellement. On pourrait continuer ainsi avec les douleurs pelviennes, les hémorroïdes, les incontinences (sujet tabou dont les femmes ont honte : « pas de chance, c’est parfois comme ça en postpartum ») etc. Tous ces troubles qui compliquent la vie des jeunes mamans ne se seraient sans doute pas installés durablement, si les principes de base pour un postpartum respecté avaient été mis en place. Et l’alimentation y joue un grand rôle. Heureusement ces troubles ne touchent pas toutes les nouvelles mamans, mais le nombre est alarmant ; Maranda Bower (qui a également fait beaucoup de recherches et s’est spécialisée dans le domaine) parle de chiffres épidémiques et alarmant, et attire l’attention sur les conséquences pour toute la vie de la femme.
Oui belle Mama, je sais que tu veux que je t’en dise plus concrètement ! Alors voici ce que doit être une alimentation adaptée en postnatal : elle doit être facile à digérer (digestion ralentie), pleine de nutriments facilement assimilables (et il faut beaucoup de nutriments dans toute leur diversité, la digestion et l’assimilation de ceux-ci ne doit pas prendre trop d’énergie, elle doit se faire en douceur), pleine de matières grasses de qualité (indispensables pour la régénération tissulaire, pour l’apport d’énergie, pour les processus d’échanges cellulaires et pour l’allaitement entre autre). Idéalement chaude, bien cuite, lentement et longtemps (se digère mieux, favorise la fluidification sanguine, utilise moins d’énergie etc) et contenir beaucoup de fluides. Des plats riches en protéines et autres nutriments (minéraux, vitamines etc) mais à digestion facile. Eh non, une salade et un smoothies ne sont pas ce qu’il y a de mieux durant les premières semaines ! Plutôt des soupes de bons légumes, du poulet, des bouillons. Et il est recommandé de boire beaucoup, et très régulièrement, mais pas de boissons froides, idéalement chaudes ou tièdes, les tisanes aux plantes sont l’idéal, mais aussi des bouillons. Bien sûr de l’eau, mais pas trop froide (le froid favorise la restriction des vaisseaux sanguins notamment). Bien sûr, il y a d’autres facteurs qu’une Maranda Bower ou autres spécialistes du domaine nous enseignent, mais si on respecte déjà en gros ces spécificités et qu’on aie à cœur d’apporter suffisamment de nutriments, c’est déjà bien !
Ce type d’alimentation devrait être idéalement respecté durant les 6 premières semaines postpartum, puis peu à peu assouplie, lorsque la maman se sent en forme, sinon elle peut être prolongée. Cela semble un peu étrange et limité, mais les sociétés traditionnelles de tous horizons nous ont donné pleins d’idées de recettes et de combinaisons spécifiques pour les femmes en postnatal, couplé à notre richesse culinaire, les possibilités sont très variées. Il existe de bons livres de recettes pour la période postnatale, on peut puiser les idées en gardant en tête que les premiers mois postpartum on ne devrait pas faire de régime pour perdre du poids ou limiter ses apports, mais manger bien et en quantité suffisante (fréquemment par petites quantités, ou trois repas plus des snacks sains et adaptés). Ah je te comprends, nouvelle maman, tu ne te reconnais pas trop dans ce corps, tu voudrais te retrouver… mais aie un peu de patience, laisse un peu de temps à ton corps de se régénérer, laisse-toi le temps de vivre cette étape de ton petit bébé qui te demande pas mal d’énergie, et tu verras que tu commenceras à perdre ton poids « en trop » petit à petit, parfois tout seul sans rien faire. Si tu ne perds pas, donnes toi au moins quelques mois, et puis essaie de perdre lentement, cela tiendras mieux, sera plus stable et ne videra pas ton corps de l’énergie dont tu as besoin en tant que jeune maman.
Il en va du bon sens, mais pas seulement après une naissance, de privilégier une alimentation de saison et locale, et idéalement fraîche et bio, d’éviter les produits transformés. Attention avec les produits laitiers, pas facile à digérer, ainsi que les farines de blés, parfois un peu difficiles pour la maman et le bébé allaité.
Je voudrais te rappeler une chose, précieuse Mama, pour un postpartum réussi l’ocytocine joue un grand rôle, et favoriser l’ocytocine est possible en se faisant plaisir, en se sentant cocooné, et cela peut se faire par l’alimentation aussi, un bon goûter réconfortant, un plat délicieux, nourrissant (mais pas lourd à digérer). Manger ce qui réchauffe son cœur, ce qui fait du bien. Or dans les premières semaines postpartum, on n’a ni l’énergie ni l’envie de passer beaucoup de temps en cuisine. C’est là qu’une préparation de son postpartum prend tout son sens, et cela se fait durant la grossesse. Le projet de naissance a son utilité pour l’enfantement, le projet pour un postpartum réussi est vraiment un outil intéressant pour les semaines qui suivent. La Doula Postnatale que je suis (ou une autre) peut le faire avec toi et te guider, te suggérer des choses, et t’aider à le réaliser concrètement en t’accompagnant durant les premières semaines ou mois suivant la naissance, afin que tu puisses toi te concentrer sur ton bébé et sur toi, sur ton Mamatoto (voir mon article sur le sujet appelé « Nouvelle Maman et Bébé Nouveau »). J
A bientôt ♥
Julie Simon : « Les recettes du 4e trimestre »
Julie Simon : « Le 4e trimestre au naturel »
Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin : « Le mois d’or »
En Anglais :
Dr. Oscar Serralach : « The Postnatal Depletion Cure »
Maranda Bower (Postpartum Nutrition Coach) : www.marandabower.com
Kimberly Ann Johnson : « The fourth trimester »
Julia Jones : « Nourshing newborn mothers »
Heng Ou : « the first forty days »
Harriet Holmes : « Postpartum Nutrition »
De nombreux sites web proposent des recettes pour le postnatal!