
Pendant la grossesse, tu te prépare à devenir maman, à accueillir ce petit humain, et lorsque l’intensité de l’accouchement est passé, tu l’accueilles, tu le rencontres enfin. Ce moment et les heures qui suivent sont d’une rare intensité au niveau de toutes ces émotions qu’on ressent, et maman, tu tombe en amour pour cet enfant, qui est encore si fragile et pourtant si parfait.
Le bébé humain, après 9 mois de gestation, naît « immature » (comparé aux autres mammifères) et est encore totalement dépendant de sa maman, de la proximité (chaleur, nourriture, réconfort…). Cette phase de l’après-naissance, aussi appelé le 4e trimestre (après les 3 trimestres de la grossesse ou gestation), ne l’est pas pour rien, car elle fait partie de la maturation de la gestation ; Ingrid Bayot la nomme même « la dégestation », le temps où la maman est enceinte à l’extérieur de son corps, où le bébé est encore comme un fœtus extra-utérin. J’adore ce mot qu’Ingrid Bayot a crée, il exprime bien ce qu’on sent en tant que nouvelle maman d’un petit bébé tout juste sorti de notre ventre. (Ingrid Bayot est l’auteure du livre « Le 4e trimestre de grossesse », un ouvrage passionnant au niveau de ce qu’on apprend sur les recherches physiologiques et anthropologiques concernant la naissance des humains).
Ces premières semaines de la vie de l’enfant, d’un point de vue physiologique, le bébé et la maman, lorsqu’on laisse faire les hormones et la physiologie, sont vraiment très proches, la maman a son bébé contre elle, et c’est comme ça qu’il est le mieux, en sécurité physique et affective. Il a encore beaucoup besoin de la chaleur des bras et du ventre ou de la poitrine de maman, de sentir le lait du sein, de se sentir protégé après la douce chaleur et les bercements intra-utérins de son début d’existence. En Swaheli une nouvelle maman et son bébé nouveau-né n’ont pas de mots séparés, ils sont une entité appelée MAMATOTO (maman-enfant). Dans les pays anglo-saxons on commence aussi de plus en plus à entendre le mot « the Motherbaby » comme une entité.
Cela ne veut pas dire que toi, Maman, tu dois avoir son bébé contre toi 24h sur 24 sans pouvoir faire quoi que ce soit de manière autonome. Mais qu’au début il y a besoin de cette proximité physique, le bébé a besoin de se sentir encore très proche de sa maman, contre elle le plus possible (et pas forcément tout le temps, mais souvent, le plus possible, surtout les premières semaines). Les hormones de l’accouchement et de l’allaitement sont d’ailleurs calibrés en ce sens, pour que la maman aie besoin de sentir son bébé, tombe en amour avec lui, et qu’elle soit tout encline à garder son bébé près d’elle, le protège, le câline. Ils sont unis, il existe cette belle fusion du début. N’aie crainte jeune maman, tu ne gâtes pas trop ton bébé en le gardant beaucoup contre toi les premiers temps, tu réponds à son besoin primaire. Cette fusion très forte du début, trouvera un équilibre peu à peu, le bébé pourra de plus en plus se détacher tout en gardant la sécurité affective, car il aura été rassuré, la « dégestation » se sera faite en douceur.
Et le deuxième parent là-dedans ? Bien sûr qu’il a son rôle à jouer, car maman ne peut pas garder bébé toute la journée, elle a besoin de boire un thé, de manger, de prendre une douche, de passer un coup de fil… et le papa est là, pour donner cette affection proximale à son bébé pour compléter le besoin de sécurité, et très vite le bébé se sentira bien également dans les bras de papa, dans les jeux de face à face, les rires et les chatouillis de papa.
D’ailleurs on observe dans toutes les traditions et sociétés proches de la nature que le concept d’allo-parents est développé, c’est-à-dire qu’il n’y a pas que la maman qui prenne soin de son enfant, mais également toute la famille élargie. Tout le monde aide, surtout quand le bébé grandit. Il n’y a que les premières semaines, où la maman et le bébé sont en fusion, sans que cela devienne « trop ». Mama, écoutes-toi, ton bébé a besoin de toi, et tu as besoin de lui, savoures ce temps de Mamatoto, mais le papa est tout à fait qualifié aussi pour te soulager de temps en temps. Jeune maman, tu viens de faire un acte incroyablement intense, tu as donné naissance, tu as bien le droit de savourer ces moments comme un peu hors du temps, où tu restes blottie avec ton bébé, où tu vis cet étape du Mamatoto.
Mais qu’est-ce qui fait que parfois les hormones ne peuvent pas remplir leur rôle, et que maman ne sent pas cette fusion avec don nouveau-né ? C’est un chapitre pour soi, que j’explorerai une autre fois, disons juste que l’acculturation, notre culture du cerveau et de la performance qui n’écoute plus les besoins physiologiques, nous ont déconnecté de la nature, de notre nature, mais aussi les interventions médicales au niveau de l’accouchement, empêchent les hormones prévues d’être secrétées suffisamment, empêchent la maman de se laisser aller à ce besoin profond, d’écouter son corps. Non je ne critique ni la culture de la raison, ni le système médical, il y a juste un phénomène de « too much » qui parfois a des effets secondaires qui ne favorisent pas le Mamatoto (Karine, la créatrice de Quantikmama en parle presque comme d’un état, on est en mamatoto).
Alors Mama, que tu sois enceinte ou jeune maman, relaxe toi, écoutes au fond de toi, et accepte de suivre ton ressenti. Ce n’est pas le gâter, lui donner de mauvaises habitudes comme on entend souvent par un entourage qui sait toujours mieux (même si souvent ça part vraiment d’un bon sentiment). C’est offrir à ton bébé la bulle d’amour et de proximité dont il a besoin pour ensuite se détacher et devenir un être autonome. Savourez ce Mamatoto les Mamans, c’est un temps unique, si fort en ressentis et en émotion, comme il en existe peu dans la vie. C’est une bulle, une parenthèse que vous pouvez vous offrir, vous ferez en même un énorme cadeau à votre bébé, pour le préparer à sa vie future. Je souhaite à chaque nouvelle maman d’expérimenter un magnifique MAMATOTO !!!