Slow-Maternité

Dans les années 80 l’accélération généralisée du rythme de vie, la pression sociétale du toujours plus et mieux, le consumérisme galopant, ont donné naissance à un contre-mouvement nommé Slow. (slow = lent). Il s’agit en quelque sorte d’un éloge à la lenteur de vivre, mais également bien plus que cela. Le « Slow Life » prône la simplicité, l’authenticité, le respect, le partage, le rapport à la nature… la philosophie SLOW suggère de repenser sa vie – tous les aspects de sa vie ! – en ralentissant, simplifiant, remettant du sens (et surtout du bon sens !!!) dans nos vies.

Toute maman, surtout durant les premières années, comprendra en quoi cette façon de vivre pourrait lui être bénéfique, mais cela semble illusoire en rapport avec la maternité. Nous allons voir que ce n’est pas hors de portée, ou du moins que certains éléments peuvent grandement aider à vivre une maternité épanouie.

En 1986  un certain Petrini lance le mouvement « Slow Food » pour répondre à l’essor des fast food, pour ramener du sens dans l’alimentation, non pas pour manger lentement (bien que ça en fasse partie) mais pour aller vers le respect de la biodiversité, consommer des produits naturels, non transformés, recettes maison etc… De plus en plus de personnes prennent conscience en devenant parents que la façon de manger n’est pas sans importance pour l’avenir de leur enfant, voir de leur famille. Même s’il y a des modes, des régimes et modes d’alimentions en tout genre, des injonctions et des conseils contradictoires, manger sainement devient souvent une préoccupation pour son enfant. Ce qu’on y met est très variable, mais la préoccupation arrive souvent dès l’annonce de la grossesse.

Entre temps il existe l’appellation slow pour un bon nombre de domaines, Slow Tourisme, Slow Management, Slow School, Slow Cosmétique, Slow Sexe (si si je vous assure !)… cela peut se décliner à l’infini et peut parfois être aussi  utilisé en marketing, simplement pour vendre. Mais l’idée derrière est vraiment intéressante pour nos vies trépidantes.

Le concept SLOW adapté à la maternité

Une consoeur « Doula Postnatale » britannique avec laquelle j’ai beaucoup échangé durant ma formation et  je continue avec plaisir,  Jojo Hogan, a appelé sa petite entreprise « Slow Postpartum ». L’idée d’utiliser le terme SLOW tombe sous le sens en postnatal, qui est LA période de vie où ralentir et se permettre de vivre pleinement les choses est si  importante pour se remettre des mois passés et pour mieux pouvoir connecter à son bébé, créer l’attachement, apprendre à naviguer son nouveau rôle de maman d’un nouveau-né, que ce soit le premier ou le  quatrième, bref, d’embrasser la Matrescence. C’est elle qui m’a fait prendre conscience de l’importance de mettre du slow dans sa vie peut être tellement bénéfique, à plus forte raison lorsqu’il y a de jeunes enfants.

Jojo insiste beaucoup sur  le concept du Slow Food durant le postpartum, depuis une dizaine d’années (elle prépare des petits plats et collations avec amour à ses clientes) mais d’une manière plus large sur le Slow Care (ce qui pourrait se traduire par prendre soin en prenant son temps).

En France on commence enfin ces dernières années à parler de ces bases, grâce à des podcasts (La Matrescence par exemple) et des livres qui attirent l’attention sur la spécificité et l’importance de la période postnatale, comme « Le Mois d’Or » (Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin) ou « Le 4e trimestre » d’Ingrid Bayot, ou encore « Le 4e trimestre au naturel » de Julia Simon. Bravo à ses autrices d’avoir su attirer l’attention de la francophone sur l’importance du « care » en postnatal (terme anglais qui se traduit par prendre soin, mais contient tellement plus que cela), que ce soit pour l’alimentation adaptée à cette période, par les soins au corps et le prendre soin de la maman en général, et le « self care » (comment la maman peut prendre soin d’elle-même). Grâce à ces livres, podcasts etc de plus en plus de personnes gravitant autour de la périnatalité se rendent compte du sens que ce « prendre soin » peut avoir pour soutenir la maman (sans l’assister ou la guider!) dans les débuts de la vie de maman, mais aussi pour l’attachement sain à l’enfant, l’épanouissement du couple et de la famille complète. Ce n’est pas encore devenu chose  normale mais on en parle, on s’informe, et la sphère médicale s’est emparée de la santé mentale de la jeune maman, ce qui est déjà un grand pas en avant. Même si la prévention de la dépression postpartum n’est pas le seul aspect d’importance dans la période postnatale, et que souvent elle pourrait  être évitée si la matrescence était plus douce, plus soutenue et moins violente, déstabilisante.

La société doit se poser la question : mais pourquoi courrons-nous toujours ? Pourquoi tout vouloir faire tout le temps au top, s’éparpiller dans tous les sens, vivre une vie trépidante en imposant cette vie d’adultes aux enfants ? Bien sûr le boulot, l’école, la crèche, les loisirs, les obligations familiales et sociales nous entraînent dans un certain rythme. Et certaines personnes adorent ça, et c’est tant mieux. En soi cela n’a rien de mauvais, si on  aime ça, qu’on pense aussi à se ménager pour ne pas se brûler ; alors à tous ceux qui aiment une vie trépidante, go for it ! Mais ne peut-on pas ralentir un tout petit lorsque l’on a de jeunes enfants ? Cela nous rendrait-il malheureux ? Ou ne savons-nous plus comment faire, comment prendre soin de nous en tant que personne mais par extension du « nous familial » ?

Est-il nécessaire de s’imposer à soi-même toujours autant d’adrénaline, surtout lorsqu’on est jeune parent – car soyons honnête, beaucoup de ces « il faut que » sont des choses que nous nous imposons à nous-mêmes  ou nous laissons imposer, surtout nous les femmes, car on a l’habitude, on est « câblé » ainsi ? En soi c’est déjà vraiment intense de vivre une grossesse avec tout ce que ça entraîne physiquement et émotionnellement, puis l’enfantement, suivi des premiers mois avec un petit bébé à s’occuper et à aimer. C’est particulièrement intense pour la maman, même si ça peut l’être aussi émotionnellement et psychiquement pour le papa (ou co-parent) et les autres enfants s’il ne s’agit pas d’un premier. Arrêtons-nous un instant pour réfléchir à ce qu’on fait vivre à nos enfants en terme de rythme, de « il faut que » ;  est-ce vraiment ce qu’on souhaite ? Sommes-nous vraiment persuadés que c’est bien les préparer à la vie, ou en y réfléchissant, ne souhaiterions-nous pas une vie plus sereine, calme (sans être ennuyante), où l’on peut prendre le temps de vivre et où l’enfant peut savourer sa petite-enfance ? Attention, mon propos n’est pas de culpabiliser qui que ce soit, d’imposer un point de vue, de rajouter une injonction, mais simplement que chacun pour soi, puisse réfléchir à sa vie, à celle qu’il souhaite offrir à ses enfants, à sa famille.

Je m’inclus dans la réflexion car moi la première, je m’impose bien souvent trop de « il faut que », je veux tout faire, bien faire, apprendre, découvrir, vivre intensément… Mais j’avoue que c’est épuisant à la longue ! Avec le recul sur ma vie de maman, maintenant que les enfants sont grands, et en observant tant de familles autour de moi depuis une trentaine d’années, j’ai déjà progressé, et surtout, j’ai à cœur que les familles prennent un peu de recul en conscience… Je réalise vraiment à quel point on « presse » nos enfants dans un système de stress, de course folle, il faut faire le plus possible de choses, il faut qu’ils soient intelligents, touche à tout, sachent tout faire, vivent le plus de d’expériences possible, le plus vite possible… Ce n’est pas forcément quelque chose de mauvais, mais à 1, 2 ou 3 ans ? La situation est différente dans chaque famille, pour chaque personne, et nos enfants sont tous différents, donc il n’y a pas de règle là encore. Chaque famille doit trouver son équilibre, ne comparons pas, ne jugeons pas. Mais mettre un peu de « slow life » dans sa vie c’est donner à nos enfants  le temps de grandir à leurs rythmes, de s’ouvrir au monde et de profiter de la vie de famille sans trop de pression, car la vie quotidienne n’est pas une course contre la montre ni un concours !

Pour résumer, ce qui me tient à cœur, c’est que les jeunes parents prennent conscience du rôle fondamental qu’a la période des premiers mois de la vie d’un enfant pour l’équilibre familial. Vivre pleinement le postpartum, en conscience, centré les premiers temps sur la cellule familiale… entourer la maman de « care » (c’est notre travail de doula postnatale, « mother centered care »), l’entourer de soin, et la soutenir afin qu’elle puisse s’occuper d’elle et de son bébé, c’est une chance que la jeune famille se donne pour une vie de famille future détendue. Car un postpartum serein, vécu pleinement, en conscience, en mettant de côté les pressions, en faisant de cette période une vraie parenthèse dans sa vie pour accueillir cet enfant, une période un peu sacrée où maman peut se reposer et vivre au ralenti et papa y veiller, c’est non seulement un énorme cadeau qu’on fait à son enfant, mais aussi à soi, à toute la famille. Et qui sait, la « slow life » vous plaira peut-être tellement après l’avoir expérimenté, que vous tenterez d’en intégrer un peu dans toute votre parentalité.

« Honorer les 40 premiers jours, c’est un cadeau pour la vie autant pour la maman que pour l’enfant » HENG OU, « Le 4eme trimestre ».

Respirons, savourons notre vie, mais offrons surtout à nos enfants une vie un peu plus sereine, car ils sont les adultes de demain, c’est donc nous qui semons les graines vers un monde meilleur. Vous reprendrez bien un peu de « slow »?

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